Contournant les mesures sanitaires liées au Covid-19 et empêchant les défilés d’avoir lieu physiquement, les marques de luxe sont de plus en plus nombreuses à opter pour un format vidéo scénarisé pour dévoiler leurs collections. Au point de signer la fin des Fashion Weeks ? 

Depuis que la pand&eacute;mie a rendu impossible la tenue physique des d&eacute;fil&eacute;s, les maisons de couture pr&eacute;sentes au calendrier de la Fashion Week sont de plus en plus nombreuses &agrave; pr&eacute;senter leurs nouvelles collections &agrave; travers des court-m&eacute;trages et films d&rsquo;une qualit&eacute; exceptionnelle. On pense notamment &agrave; Dior, qui a pr&eacute;sent&eacute; ses deux derni&egrave;res collections haute couture via des films f&eacute;eriques&nbsp;r&eacute;alis&eacute;s par Matteo Garrone, donnant v&eacute;ritablement vie &agrave; ces v&ecirc;tements d&rsquo;exception. Mais &eacute;galement Miu Miu, pour sa collection automne-hiver 2021-2022, ou encore Kenzo, dont le film sera d&eacute;voil&eacute; le 26 mars prochain. Et force est de constater que ce format fait l&rsquo;unanimit&eacute; aupr&egrave;s des concern&eacute;s. De quoi affirmer que les films et courts-m&eacute;trages de mode sont sur le point de prendre le relai de la Fashion Week ? &Eacute;l&eacute;ments de r&eacute;ponse.

Dior Haute Couture Spring-Summer 2021 Collection

Pr&eacute;curseur de toujours, Karl Lagerfeld, alors qu&rsquo;il &eacute;tait &agrave; la t&ecirc;te de la maison Chanel, r&eacute;alisait d&eacute;j&agrave;, en pr&eacute;ambule de ses d&eacute;fil&eacute;s M&eacute;tiers d&rsquo;art, des courts-m&eacute;trages mettant en valeur les silhouettes qui seraient bient&ocirc;t pr&eacute;sent&eacute;es sur le podium. Il y a par exemple eu le film Once and Forever, pour la collection Paris-Rome (2015) avec J&eacute;r&eacute;mie Elka&iuml;m, G&eacute;raldine Chaplin et Kristen Stewart, mais aussi The Return (2013), pour Paris-Dallas, toujours avec les amis proches de la maison en tant qu&rsquo;acteurs. Sans oublier le plus c&eacute;l&egrave;bre de tous, Reincarnation (2014) qui voyait Cara Delevingne et Pharrell Williams dans les r&ocirc;les principaux v&ecirc;tus de de robe et costume rappelant les fastes de la grande &eacute;poque autrichienne dans ce court-m&eacute;trage accompagnant le d&eacute;fil&eacute; Paris-Salzbourg.

"Reincarnation" film by Karl Lagerfeld

Depuis 2011, Miu Miu va m&ecirc;me plus loin avec Women&#39;s Tales, une s&eacute;rie de courts-m&eacute;trages r&eacute;alis&eacute;s par des r&eacute;alisatrices ayant carte-blanche, et pr&eacute;sent&eacute;s lors de la Mostra de Venise. L&rsquo;occasion pour la marque de mettre en lumi&egrave;re ses derni&egrave;res cr&eacute;ations puisque les histoires des films sont mises en mode dans les derni&egrave;res collections de la griffe. Et si ce format n&rsquo;a rien de nouveau, il s&rsquo;offre, &agrave; cause de la pand&eacute;mie de Covid-19, un nouveau souffle, obligeant la plupart des grandes maisons &agrave; suivre le mouvement pour pr&eacute;senter leurs derni&egrave;res collections. La bonne nouvelle ? Cela plait, mieux encore, cela pousse les consommateurs &agrave; acheter.

"(The [End) of History Illusion]" réalisé par Celia Rowlson-Hall pour Women's Tales

"The Wedding Singer's Daughter" réalisé par Haifaa Al-Mansour pour Women's Tales

"Carmen" réalisé par Chloë Sevigny pour Women's Tales

En octobre dernier, alors qu&rsquo;elles ont fait l&rsquo;objet de beaucoup de critiques, les tenues port&eacute;es par Emily Cooper (Lily Collins) dans la s&eacute;rie Netflix Emily in Paris, faisaient exploser les recherches sur les pi&egrave;ces Chanel. Selon le site de e-commerce Stylight, les visites sur le site commercial de la maison de la Rue Cambon&nbsp;ont ainsi connu une augmentation de 30% d&egrave;s la premi&egrave;re semaine de la sortie de la s&eacute;rie. De m&ecirc;me, les recherches pour le bob rose bonbon port&eacute; par la protagoniste dans plusieurs &eacute;pisodes, ont augment&eacute; de 342% selon la plateforme de data mode, Lyst.

Le bob rose bonbon de Lily Collins dans "Emily in Paris"

Le sac Chanel de Lily Collins dans "Emily in Paris"

Quelques semaines plus tard, c&rsquo;&eacute;tait la s&eacute;rie Lupin, avec Omar Sy, toujours diffus&eacute;e sur Netflix, qui a fait exploser l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t et les clics pour les sneakers Nike Air Jordan 1, port&eacute;e par le personnage d&rsquo;Assane Diop. D&rsquo;apr&egrave;s la plateforme Stylight, ces derniers ont augment&eacute; de 460% suite &agrave; la sortie de la s&eacute;rie. Le preuve ultime que, lorsqu&rsquo;elle est pr&eacute;sent&eacute;e sur les plateaux de tournage, plut&ocirc;t que sur le podium, la mode semble avoir un impact consid&eacute;rable sur les ventes.

lupin baskets.jpg

Pour The United Staters vs. Billie Holiday,&nbsp;le biopic consacr&eacute; &agrave; la l&eacute;gende du jazz Billie Holiday r&eacute;alis&eacute; par Lee Daniels (Precious, Le Majordome) et dont la date de sortie en Europe reste encore incertaine pour le moment, Prada s&rsquo;est associ&eacute; au r&eacute;alisateur afin de confectionner les costumes du film. Avec une r&eacute;interpr&eacute;tation contemporaine des v&ecirc;tements de l&#39;artiste, Prada rend, dans ce long-m&eacute;trage, hommage &agrave; la p&eacute;riode historique des ann&eacute;es 1940 et 1950. Pour ce film, la maison italienne a con&ccedil;u pas moins de neuf tenues allant des robes de soir&eacute;e en satin de soie avec des d&eacute;tails de plumes et des franges, &agrave; des robes tubes en satin de soie double upgrad&eacute;es de broderies en cristal, soulignant toujours plus l&rsquo;histoire d&rsquo;amour r&eacute;gnant entre le cin&eacute;ma et la mode.

Andra Day dans "The United States vs. Billie Holiday"

Impossible d&rsquo;ailleurs d&rsquo;oublier l&rsquo;importance des costumes au cin&eacute;ma&nbsp;lorsqu&rsquo;ils sont confectionn&eacute;s par des maisons de luxe. A l&rsquo;image des tenues sign&eacute;es Ala&iuml;a port&eacute;es par Grace Jones dans Dangereusement v&ocirc;tre, ou encore de la complicit&eacute; entre Hubert de Givenchy et sa muse Audrey Hepburn,&nbsp;qui a v&eacute;ritablement propuls&eacute; les cr&eacute;ations du designer sur le devant de la sc&egrave;ne dans le film culte Breakfast at Tiffany&rsquo;s. Doit-on &eacute;galement rappeler les costumes sign&eacute;s Paco Rabanne dans Barbarella, avec Jane Fonda&nbsp;&nbsp;ou encore ceux de Jean-Paul Gaultier dans Le Cinqui&egrave;me &eacute;l&eacute;ment ?

Grace Jones dans "Dangereusement vôtre"

Audrey Hepburn dans "Breakfast at Tiffany's"

Jane Fonda dans "Barbarella"

Chris Tucker dans "Le Cinquième élément"

Depuis longtemps, le cin&eacute;ma, &agrave; travers ses films ou ses s&eacute;ries, a permis aux cr&eacute;ateurs et aux grands groupes de booster leurs ventes. D&eacute;sormais, il semble que le mouvement s&rsquo;acc&eacute;l&egrave;re &agrave; vitesse grand V, suite &agrave; l&rsquo;impossibilit&eacute; de r&eacute;unir les acteurs de la mode sur les d&eacute;fil&eacute;s. Au point de devenir la norme ? Affaire &agrave; suivre.

Les films et séries sont-ils les nouvelles Fashion Weeks ?

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