Et si on prenait l’avion pour nulle part ?
Sillonner le ciel pour le plaisir. Dès le 10 octobre prochain, les fidèles passagers de la compagnie aérienne australienne Qantas pourront reprendre de la hauteur. Pour ce voyage « panoramique » sans qu' « aucun passeport ni quarantaine (ne soient) requis », le départ se fera à l’aéroport de Sydney et l’arrivée à l’aéroport de... Sydney. Pourtant, les 134 billets se sont vendus en moins de dix minutes.
Une tournée des sites les plus emblématiques d'Australie
« C’est probablement le vol qui s’est vendu le plus rapidement de l’histoire de Qantas », s’étonnait le président-directeur général de la compagnie australienne, Alan Joyce. En cause ? Des personnes frustrées en manque de cabines pressurisées. L'idée peut paraître un peu décalée sauf que cela fonctionne. Pour un billet de 500 à 3 000 euros, les passagers pourront profiter d’une visite touristique, à basse altitude, durant 7 heures. Le vol panoramique survolera la Grande barrière de corail, le rocher sacré d'Uluru et passera par les joyaux océaniens du continent.
Un business en plein essor
Qantas est un exemple parmi d’autres et ne fait que surfer sur la tendance des vols à destination de nulle part, après China Airlines et Eva Air. Singapore Airlines ne devrait pas tarder à s'y mettre également. L’idée était de compenser les pertes monstrueuses de chiffres d’affaires (en moyenne 50 %) dus à la fermeture des frontières. En juillet 2020, la compagnie de Taïwan, China Airlines, avait ainsi proposé à ses passagers l’expérience d’un « faux » vol avec un passage à la douane et des bagages en soute. Sans même que l’avion ne quitte le tarmac… En août, la compagnie avait réajusté l’expérience avec deux vrais vols depuis Taipei. Le même mois, Eva Air proposait un voyage aux couleurs du personnage de fiction pour enfants, Hello Kitty, avec un repas réalisé par un chef étoilé. Tous les billets de ces compagnies, au prix coûtant de 400 à 2000 euros, avaient été vendus.
Un caprice polluant
L’avion étant l’un des champions de la pollution, l’idée de ces voyages n’est pas au goût de tout le monde. « Bien joué Qantas. Peut-être que votre voyage sans but de sept heures pourra permettre d'offrir une vue panoramique sur les impacts du réchauffement climatique, pendant que l'avion crachera des émissions carbone », a ironisé un internaute sur Twitter. Ainsi, à Singapour, un appel à contribution citoyenne à l’initiative d’associations écologistes a mis en lumière une centaine de contre-propositions pour que la Singapore Airlines puisse percevoir un revenu, sans avoir à faire décoller ses avions. De l’autre côté, la compagnie australienne Qantas a promis de payer des compensations pour ses émissions de carbone. La boucle est bouclée.