Au Mexique, l’excellence Esencia
À une heure de route de Cancun, entre Playa del Carmen et Tulum (Riviera maya), cet hôtel veut offrir la quintessence du chic et de l’insouciance propre aux vacances. Son concepteur, Kevin Wendle, un producteur d’Hollywood, peaufine ici son savoir-faire hôtelier. Objectif : dupliquer ailleurs sa formule. La France est dans son viseur.
L’argent, on verra plus tard. Kevin Wendle en a plus que nécessaire, alors, il le met au service de ses convictions. La soixantaine pointant, ce producteur à succès (Les Simpson, Beverly Hills, le Prince de Bel Air, c’est lui), tourne la page. Son intention est d’offrir une planque inoubliable à ses amis des plateaux, une pause à l’abri des spots et des flashes. Peinarde.
Quelques millions de dollars plus tard, voici Esencia. Il a choisi le Mexique, plus précisément la Riviera Maya, cette côte plein soleil du Yucatan, baignée par les eaux claires de la mer des Caraïbes où flottent encore les mannes d’une riche civilisation indienne. Il avait repéré une enclave de 25 hectares, la cachette d’une comtesse italienne, à mi-chemin entre Playa del Carmen et Tulum, très précisément dans le village Xpu Ha (prononcer Shpoo-Ha). Signe distinctif, la propriété est léchée par une plage de sable blanc qui n’en finit pas. « C’est ici qu’Esencia va inventer le plus bel hôtel du monde », annonce-t-il à ses troupes. Action.
Mainate, pétrel et coati
Ainsi a-t-il été fait. La philosophie générale du patron s’est appliquée à la lettre : « Le vrai luxe est invisible, il implique la discrétion, le raffinement, l’élégance, sans la moindre ostentation ; à nous d’offrir plus que ce qui est prévu, imaginé, espéré ». Le mantra s’applique à 51 suites indépendantes, toutes noyées dans un fouillis tropical savamment entretenu. Sous l’exubérance de lianes, troncs, fougères arborescentes, hibiscus, lauriers et orchidées sauvages, glissent des chemins de corail. On les suit main dans la main, baignés de vert d’où jaillit le cri d’un mainate ou d’un pétrel, avant qu’un iguane se faufile, qu’un coati curieux (aucun danger) grimpe au cocotier. Ce sont les seuls sauvageons tolérés sur le domaine.
D’après le directeur d’Esencia, les stars de passage, Kate Moss, Diane Kruger, Gwen Stefani, Bella Hadid, etc. préfèrent les villas totalement isolées par la végétation avec piscine privée, vaste terrasse et room service. Les vacanciers à la vie plus paisible adorent les maisons de bord de plage, quasiment privée, ratissée chaque matin pour le plaisir de barboter dans les promesses de l’aube.
Béton ciré blanc immaculé
Qu’importe. Ici ou là, même élégance intérieure, parois plaquées de béton ciré blanc immaculé, c’est superbe, lit géant (2 mètres de large), grandes baies vitrées, terrasse de bois exotique ouverte sur le panorama grandiose des clapotis du lagon, du large, de l’horizon. Pour en profiter, une terrasse dotée d’un sofa moelleux. Le reste est de la même eau, salle de bains deux vasques et douche vraiment pluie, généreuse pile de serviettes siglées maison… Hormis cette baignoire curieusement posée à proximité du lit et les prises électriques nombreuses mais au format américain, le séjour tiendra la promesse du patron.
A l’extérieur, deux restaurants (dont un japonais) avec bar sont dessinés face au large, ils assurent le bonheur du petit déjeuner, deux vastes piscines et un Spa dernier cri ajoutent à l’enchantement. Clairement, ici c’est paresse et rien ne presse ! Une troisième table, Beef Bar, joue la carte trésors du potager, pêche locale et viandes du Texas, champagne et grands crus, porcelaine fine et gastronomie digne de l’étoile. Bravo. Bonne occasion de saluer la performance du personnel Esencia qui, en quelques heures, retient pour chaque hôte nom, cocktail préféré, table souhaitée.
Villa grand luxe
D’ici peu, le domaine inaugurera sa touche finale, une vaste maison capable d’accueillir une dizaine de personnes. Trois suites, cuisine, salle de sport et cinéma intégrés, piscine privée, jardins, terrasses multiples et calme absolu. Plus de 1 500 m² à partager, on ne va pas se bousculer. Quelques grands noms de Hollywood sont attendus pour les fêtes de fin d’année. Prière de ne pas déranger.
Une poignée de puristes mettra toutefois son bémol à cet exercice de style hôtelier si bien réussi : au sein de l’enclave, étoilée comme aucune autre dans la région, pas la moindre trace du Mexique. Le personnel local parle (impeccablement) américain, les épices la jouent tout doux, la bande son préfère Dua Lipa aux mariachis. Il faut comprendre. Qui aurait idée de sortir du paradis ? Qui voudrait altérer cette perfection servie sur un plateau de sable blanc ? Qui souhaiterait se frotter à la réalité mexicaine, araignées au plafond, téquila à ne plus s’en souvenir et colt à la ceinture, on n’est jamais trop prudent ? A l’inverse, qui peut refuser confort absolu, grand bleu sur lagon clair, sérénité totale et plaisir d’être chouchouté comme jamais ? Les employés font leur l’imprécation du boss : « Agissez comme si vous étiez face à votre maman, votre meilleur ami, votre amoureuse et demandez-vous alors ce qui lui ferait plaisir ». Opération réussie.
Le petit Versailles du Poitou
Forte de sa réussite mexicaine, la formule s’apprête à franchir l’Atlantique. Esencia arrive en France, un pays dont Wendle est le fan absolu. Il vient de racheter le château de Curzay dans la Vienne, à 33 kilomètres de Poitiers. Ce fut jadis un Relais & Châteaux avec restaurant étoilé, excellent présage. Le nouveau propriétaire veut redonner tout son lustre à la propriété de 112 hectares qu’on appelait jadis « Le petit Versailles du Poitou », c’est dire. Une poignée de suites au raffinement jamais compté, une table de référence, des œuvres d’art omniprésentes histoire de restituer « l’esprit château », un Spa comme on n’en connait pas dans la région, une chapelle pour les mariages, un centre équestre, une ferme bio, des chemins de randonnée, des étangs…
Promis, rien ne sera trop beau pour cet Esencia de France pensé avec toute l’expérience acquise à Tulum. Ouverture envisagée au printemps 2023. Jamais les 450 habitants de Curzay-sur-Vonne (86600) n’auraient imaginé que leur trésor construit en 1710 renaitrait sous des lumières mayas.