Volvo met le cap sur le futur
Quel constructeur a récemment annoncé que la vitesse de ses voitures serait désormais autolimitée à 180 km/h ? Un fabricant de modèles low cost, incertain de la sécurité des modèles qu’il propose ? Perdu ! Il s’agit au contraire du suédois Volvo qui, dans le cadre du déploiement de sa “Vision 2020” (plus aucun mort ni blessé grave dans les nouvelles Volvo à l’horizon 2020), lutte contre la vitesse excessive sur les routes : “Nous lançons le débat: les constructeurs ont-ils le droit, voire l’obligation, d’installer des systèmes embarqués qui modifient le comportement du conducteur pour lutter contre les excès de vitesse, la conduite en état d’ivresse ou la distraction ?”, s’interroge Hakan Samuelsson, président et CEO de Volvo Cars. “Nous n’avons pas de réponse catégorique à cette question, mais nous pensons devoir prendre les devants et faire figure de pionniers. Nous savons désormais, grâce à nos recherches, quelles sont les failles de notre ambition à l’horizon 2020, et si limiter la vitesse n’est pas un remède miracle, une seule vie sauvée suffirait à faire de cette initiative un succès.” Et tant pis pour les abonnés de la file de gauche sur autoroute (allemande), invités à se tourner vers la concur- rence (allemande elle aussi) s’ils veulent assouvir leur vils instincts. La sur-vitesse serait donc ringarde. Et tant qu’à conduire de façon vertueuse, autant pousser le concept jusqu’au bout en éliminant progressivement le diesel. Ainsi, la berline S60 lancée cette année est la première à ne pas disposer d’un moteur de ce type dans sa gamme. À la place, on trouve uniquement des moteurs essence ou hybrides rechargeables.
Prenant à rebours les codes habituels du haut de gamme automobile, Volvo serait-il devenu complètement fou? Bien au contraire. Depuis la prise de contrôle par le chinois Geely, effective depuis 2010 et qui prend le soin de préserver le caractère suédois de la marque (tout en lui ouvrant le vaste marché chinois), le constructeur ne cesse de surprendre. Outre les mesures anti-vitesse et anti-diesel évoquées plus haut, Volvo a aussi été le premier, dès 2015, à snober les grands salons automobiles internationaux. Une attitude jugée sidérante dans un premier temps, avant que d’autres constructeurs ne suivent la même voie. Aujourd’hui, la liste des absents ne cesse de s’allonger à chaque grand rendez-vous international (Paris, Francfort, Genève). Là encore, le Suédois aura été précurseur dans une attitude pouvant être jugée négative dans un premier temps... et qui a fini par faire école. Et tant en terme d’image de marque que d’un point de vue commer- cial, les paris sont payants. Le SUV XC40, disponible en hybride, a ainsi été élu voiture de l’année 2017, première fois que le constructeur reçoit cette distinction très convoitée depuis qu’elle a été créée en 1964. Juste après, c’était au tour de son XC60 (un autre SUV, catégorie qui représente 40 % des ventes mondiales, et décliné lui aussi en hybride) de se voir gratifié du prix de “Voiture mondiale de l’année“.
CHANGER LES CODES... ET ENGRANGER LES BÉNÉFICES !
Si les volumes de vente annuels sont trois à quatre fois inférieurs à ceux des Audi, BMW et Mercedes, la progression de Volvo est nettement plus spectaculaire : le volume de ventes mondiales a augmenté de 50 % entre 2013 et 2018, pour dépasser les 642 000 unités. Et tout indique que cette tendance positive se poursuivra cette année, avec un premier semestre qui traduit une hausse de 7,3 % par rapport à ce qui avait été enregistré sur la même période en 2018. C’est dans ce contexte que Volvo s’apprête à mettre en orbite Poles- tar, sa nouvelle sous-marque (ou sur-marque, plutôt) aux visées écolo premium. Outre le coupé “1”, avec moteur hybride de plus de 600 ch et affiché 155 000 €, Polestar va lancer la “2”, une berline familiale 100 % électrique qui affrontera directement la redoutable Tesla Model 3. Belle leçon de réinvention pour un constructeur longtemps cantonné aux productions pépères, symbole chic d’une intelligentsia côte Est mais pas très funky. D’ailleurs, vous aurez remarqué que vous n'avez jamais lu le mot break dans cet article, une carrosserie qui constitue certes encore le cœur de l’offre du constructeur. Mais dorénavant, celui-ci vise clairement plus large. C’est bien le signe que les temps changent.