Connue dans le monde entier pour ses créations cristallines réalisées par des maîtres
verriers comptant parmi les Meilleurs Ouvriers de France, la prestigieuse cristallerie
Saint-Louis vient d’ouvrir un showroom au Casablanca dédié aux luminaires. L’occasion
de revenir sur l’histoire de ce fl euron du luxe à la française, dont le savoir-faire
exceptionnel illumine depuis plus de 430 ans les intérieurs les plus élégants.

N&eacute; d&rsquo;une boule de feu et du souffl e des hommes, le cristal selon Saint-Louis vibre de tout le talent h&eacute;rit&eacute; de l&rsquo;Histoire. La sienne prend vie au XVIe si&egrave;cle, dans le pays de Bitche, au coeur de la Moselle. Depuis l&rsquo;&eacute;poque gallo-romaine, des verreries itin&eacute;rantes s&rsquo;implantent &agrave; la lisi&egrave;re de son immense for&ecirc;t et ses spectaculaires escarpements de gr&egrave;s qui offrent toutes les ressources &agrave; l&rsquo;origine du verre : la silice du sable, la potasse de la cendre des foug&egrave;res, le bois de chauff e, l&rsquo;eau des rivi&egrave;res. Dans cette r&eacute;gion encaiss&eacute;e des Vosges du Nord, pr&egrave;s de la grande route commerciale qui relie l&rsquo;Italie aux Flandres, les hommes et les techniques s&rsquo;&eacute;changent entre Murano et la Boh&ecirc;me, d&eacute;veloppant des pr&eacute;mices d&rsquo;industrie autour de la mutualisation de leur savoir-faire.

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En 1586, la verrerie de Münzthal, anc&ecirc;tre de Saint-Louis, y voit le jour. Ench&acirc;ss&eacute;e entre les terres du Saint-Empire germanique et celles du royayme de France dans une Europe qui bient&ocirc;t se d&eacute;chire, elle y prosp&egrave;re pendant quelques d&eacute;cennies mais ne survit pas aux ravages de la guerre de Trente Ans (1618-1648). Il faudra attendre 1767, apr&egrave;s le rattachement du duch&eacute; de Lorraine au royaume de France, pour que Louis XV autorise la reprise de l&rsquo;ancienne fabrique, et lui conf&egrave;re le titre de &ldquo;Verrerie royale de Saint-Louis&rdquo;, en souvenir de Louis IX, consid&eacute;r&eacute; comme un saint de son vivant et canonis&eacute; par l&rsquo;&Eacute;glise catholique en 1297. L&rsquo;estampille royale distinguant le meilleur du savoir-faire du pays, Saint-Louis devient vite un fl euron de l&rsquo;&eacute;conomie fran&ccedil;aise. Soutenu par le roi, son d&eacute;veloppement, d&rsquo;une ampleur extraordinaire pour l&rsquo;&eacute;poque, suscite autour d&rsquo;elle le renouveau des fabriques de verre alors disparues.

Quinze ans plus tard, en 1781, Fran&ccedil;ois de Beaufort perce &agrave; son tour le secret du cristal de plomb, le plus r&eacute;put&eacute;, dont seule l&rsquo;Angleterre d&eacute;tenait le monopole depuis son invention &agrave; la fin du si&egrave;cle pr&eacute;c&eacute;dent. Dans un rapport sign&eacute; de la main de Condorcet, la verrerie change alors d&rsquo;appellation pour devenir Cristallerie royale de Saint-Louis et voit sa renomm&eacute;e s&rsquo;&eacute;tendre &agrave; toute l&rsquo;Europe pass&eacute; l&rsquo;orage de la R&eacute;volution. D&egrave;s 1829, lanc&eacute;e sur les rails d&rsquo;une autre r&eacute;volution, industrielle cette fois-ci, la cristallerie entreprend de consacrer l&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; de sa production au cristal et s&rsquo;engage dans une politique technique et artistique faite d&rsquo;innovations esth&eacute;tiques et formelles. Cinq ans plus tard, la couleur fait son apparition dans les collections, aux c&ocirc;t&eacute;s des premiers lustres et presse-papiers, ainsi que la notion de service de verres pour table avec le c&eacute;l&egrave;bre mod&egrave;le Trianon. De salles &agrave; manger bourgeoises en palais imp&eacute;riaux, de chevets intimes en banquets pr&eacute;sidentiels, l&rsquo;art de vivre du cristal selon Saint-Louis n&rsquo;aura d&egrave;s lors de cesse de s&eacute;duire le monde entier et de se distinguer &agrave; travers ses cr&eacute;ations exceptionnelles.

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Si la formule du cristal est d&eacute;sormais connue, le savoir-faire de Saint-Louis demeure un apprentissage long et d&eacute;licat, int&eacute;grant des composants secrets qui rendent ses cr&eacute;ations uniques. &Eacute;paul&eacute; par le talent de ma&icirc;tres verriers et de ma&icirc;tres tailleurs comptant parmi les Meilleurs Ouvriers de France, il se transmet au compte-goutte et s&rsquo;enrichit de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration. Cristal souffl &eacute; bouche, taill&eacute; main, grav&eacute; et d&eacute;cor&eacute; &agrave; la main, &agrave; l&rsquo;or 24 carats, au platine ou par&eacute; de couleurs in&eacute;dites&hellip; tous sont d&eacute;tenteurs d&rsquo;un savoir-faire irrempla&ccedil;able et toujours enthousiastes &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de relever de nouveaux d&eacute;fi s cr&eacute;atifs. &Agrave; ce titre, le plus grand lustre r&eacute;alis&eacute; par la manufacture mesure 9 m&egrave;tres de haut, 4 m&egrave;tres de diam&egrave;tre et p&egrave;se 2 500 kg. Il est compos&eacute; de 8 500 parties, de 212 lumi&egrave;res et son assemblage a requis 1 700 heures de travail. Ces prouesses techniques se retrouvent dans les cr&eacute;ations contemporaines mais aussi dans les pi&egrave;ces de r&eacute;&eacute;ditions du mus&eacute;e, ancr&eacute; au coeur m&ecirc;me de la manufacture, dans la grande halle de production, o&ugrave; sont expos&eacute;es quelque 2 000 merveilles, toutes issues des savoir-faire l&eacute;gendaires de Saint-Louis.

De la Restauration au modern style, en passant par le style Napol&eacute;on III, l&rsquo;Art nouveau et les arts d&eacute;coratifs, Saint-Louis a&nbsp;toujours su puiser l&rsquo;essence m&ecirc;me de son identit&eacute; au coeur des &egrave;res d&eacute;coratives qu&rsquo;il a travers&eacute;es. Aujourd&rsquo;hui, si la cristallerie s&rsquo;inspire toujours de ses racines et de son patrimoine pour mieux transfi gurer les traditions en cr&eacute;ations, elle continue de chercher son inspiration dans les courants artistiques contemporains. Depuis le XXe si&egrave;cle, des cr&eacute;ateurs de renoms s&rsquo;associent &agrave; la cristallerie pour renouveler et enrichir ses collections de table, de d&eacute;coration et de lumi&egrave;re. Apr&egrave;s Paul Nicolas, Jean Sala ou Jean Luce en leur temps, ce sont aujourd&rsquo;hui &Eacute;ric Gizard, Ionna Vautrin, Jos&eacute; L&eacute;vy ou No&eacute; Duchaufour-Lawrance (pour n&rsquo;en citer que quelques-uns) qui apportent leur souffl e &agrave; la maison Saint-Louis, histoire d&rsquo;ouvrir &agrave; la tradition du cristal la voie d&rsquo;usages in&eacute;dits.

5 questions à Anne Lhomme, Directrice artistique des cristalleries Saint-Louis


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Comment entre-t-on chez Saint-Louis ?

On y entre par passion pour l&rsquo;artisanat, la transmission des savoir-faire et les m&eacute;tiers du geste de la main. Souvent, le savoir-faire est une histoire de famille ; ce sont des gestes qui se transmettent de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration. Il faut dire que la r&eacute;gion de la Moselle est le berceau historique du cristal, en France.

Quelles sont les qualit&eacute;s recherch&eacute;es chez les designers avec lesquels vous collaborez ?

Nos collaborateurs sont avant tout des amoureux de l&rsquo;artisanat. Ils ont de la patience et se posent mille questions. Chacun s&rsquo;inspire &agrave; sa fa&ccedil;on du lieu ; pour Kiki Van Eik, ce sont les moules qui inspirent la collection Matrice, tandis que pour No&eacute; Duchaufour-Lawrance, la for&ecirc;t environnante a guid&eacute; la cr&eacute;ation de la collection transversale Folia.

L&rsquo;&eacute;cologie et/ou les nouvelles technologies influencent-elles la cr&eacute;ation chez Saint-Louis ?&nbsp;

Nous cherchons depuis quelques ann&eacute;es &agrave; explorer ce territoire des nouvelles technologies. C&rsquo;est un terrain d&rsquo;exp&eacute;rimentation formidable.

La couleur est l&rsquo;une des signatures de la manufacture. Quelles sont celles dont vous r&ecirc;vez mais qui vous &eacute;chappent encore ?

Je r&ecirc;ve d&rsquo;une teinte qui change avec le temps. C&rsquo;est-&agrave;-dire une couleur qui &eacute;volue avec la luminosit&eacute; et change de teinte. &Agrave; une &eacute;poque, nous avions une terre rare, le n&eacute;odyme, qui permettait ce ph&eacute;nom&egrave;ne passant du rose au bleu avec des reflets violets, en fonction de la lumi&egrave;re environnante. H&eacute;las, les composants sont aujourd&rsquo;hui interdits.

Votre pi&egrave;ce pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e ?

J&rsquo;aime particuli&egrave;rement les objets r&eacute;alis&eacute;s au XIXe si&egrave;cle. Ceux qui nous paraissent d&eacute;suets ou d&eacute;cal&eacute;s aujourd&rsquo;hui. Ceux dont le langage formel donne un souffl e de fra&icirc;cheur &agrave; notre monde souvent codifi &eacute;. Les veilleurs de nuit, les services &agrave; bi&egrave;re, &agrave; punch, les aquariums &agrave; poissons et &agrave; fl eurs ou les vases &agrave; usage sont autant de r&eacute;jouissances &agrave; mes yeux !

Showroom Saint-Louis, 11, rue Bab Al Irfane et rue El Kaissi, quartier Racine, Casablanca. T&eacute;l. : 05 22 36 59 48.

Cristal Royal

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