Cindy Bruna : "Il n’y a rien de plus beau qu’une femme qui est elle-même"
Mannequin engagé et ambassadrice L'Oréal Paris, Cindy Bruna a fait évoluer les mentalités sur de nombreux sujets, qu'il s'agisse dans la mode ou dans la libération de la parole. Avant qu'elle ne défile pour la marque de cosmétiques, L'Officiel a pu s'entretenir avec la jeune femme, dont les convictions nous inspirent.
L’OFFICIEL : Quel est votre premier souvenir de L’Oréal Paris ?
Cindy Bruna : Il remonte à mon enfance, et au fameux slogan "Parce que je le vaux bien" que je regardais à la télévision. Ce mouvement de cheveux glamour indissociable de la marque, toutes ces femmes que j’admirais et qui m’inspiraient face à mon écran…
LO : Quelles valeurs partagez-vous avec la marque ?
CB : C’est une marque pour la femme, qui célèbre la confiance en soi, la sororité, la diversité, l’inclusion. Il y a aussi leur combat avec la lutte contre le harcèlement de rue qui rejoint mon propre combat sur les violences faites aux femmes, puisqu’à mon sens il n’y a pas de différences entre l’insécurité d’une femme à l’intérieur de son foyer ou dans la rue.
LO : Vous parlez justement de ce combat que vous menez, et dont vous avez été l’une des premières à briser le tabou. En quoi était-ce important d’ouvrir la parole autour de ce sujet ?
CB : Pendant des année, j’étais également enfermée dans ce silence et tabou, au sein même de ma famille, avec les proches. C’est en 2017 que j’ai voulu m’investir auprès de l’association Solidarité Femmes, qui était évidemment en lien avec mon histoire, pour rencontrer des femmes victimes, mises en sécurité avec leurs enfants. En allant à leur rencontre, en échangeant avec elles, le fait qu’elles me parlent, tout ceci a contribué à me donner envie de parler également. À ce moment je ne partageais pas encore mon histoire, je n’étais pas libérée, et entendre leur témoignage m'a beaucoup apporté. Mettre des mots sur des situations vécues, faire écho à mon histoire… Ça a été une révélation : si elles m’ont aidé à me libérer, moi aussi je pouvais aider d’autres femmes en faisant de même.
LO : Vous êtes ambassadrice L’Oréal Paris, qui met en avant l’empowerment féminin. Comment le représentez-vous à votre manière ?
CB : En étant moi… On ne peut pas être plus que soi-même. Ce qui est beau avec L’Oréal Paris, c’est qu’ils choisissent des égéries totalement différentes, qui se soutiennent toutes. La sororité est réelle, c’est ce qu’on veut refléter et transmettre. Il n’y a rien de plus beau qu’une femme qui est elle-même, avec ses failles et forces, et qui est soutenue par d’autres femmes.
LO : Vous avez souvent célébré le corps des femmes, avec ses traces de la vie, comme les vergetures, les cicatrices… En tant que mannequin, comment avez-vous évolué les diktats de la mode, notamment de son rapport au corps ?
CB : J’ai commencé dans la mode en étant la première femme noire à défiler en exclusivité pour le défilé Calvin Klein à New York en 2013. C'est assez fou rétrospectivement de se dire ça, même si j’étais honorée, ça pointait également un problème dans l’industrie au niveau de la diversité. Peu de temps après, la même année, j’ai été la troisième — j’ai envie de dire uniquement — à poser pour une campagne Prada. Au fur et à mesure, avec ces premières apparitions en tant que mannequin, je me suis aperçue qu’il y avait encore du chemin à faire. Aujourd’hui, la diversité est bien plus respectée dans les défilés. L’évolution est notable, la mode prend ses responsabilités de représenter le monde dans lequel on vit. J’ai pu apercevoir d’autres changements au niveau des coiffures, avec le respect de la texture du cheveu. Au début de ma carrière, j’ai dû couper mes cheveux et les lisser. Les défilés et magazines mettaient en avant des bases raides, la boucle n’était pas célébrée. Ce tournant pour accepter la propre nature de cheveux de chaque mannequin a mis du temps, et aujourd’hui les coiffeurs ont amélioré leur capacité et savent s’occuper de cheveux afro, par exemple. Enfin, l’acceptation de diverses morphologies, de corps qui ne sont plus obligatoirement filiformes, mais aussi l'abolition de restriction d’âge, est une autre évolution qui prend de l’ampleur.
LO : Cette année, le défilé L’Oréal Paris a lieu Place de l’Opéra. Que vous évoque ce lieu ?
CB : C’est l’excellence, le chic, l’élégance, l’émerveillement.
LO : Quel est votre endroit préféré dans Paris ?
CB : J’adore les Jardins du Luxembourg ! Si ça peut donner des idées à L’Oréal Paris pour leur prochain défilé ! (Rires)