Asmae Charifi : " Je rêve de plein de choses "
Après trois ans d’absence, Asmae Charifi fait son come-back avec Lila, un morceau qui ressemble à une comptine à la fois douce et amère. Un peu comme le reste de sa discographie. Interview d’une artiste à l’identité hybride et au talent indéniable.
Photographie : Christian Mamoun
Stylisme : Sarah Sarhane
Reconnaissable par sa voix aux inflexions R’n’b, Asmae Charifi fait des débuts fracassants avec ses covers à l’aube de l’année 2018. Dès les premières notes, le ton est donné : son timbre suave et irrésistiblement éraillé attise la curiosité de grands noms de la musique. Tous ont repéré le talent de cette jeune chanteuse qui se réclame d’un avant-gardisme assuré, à la fois inventif et décomplexé. À seulement 19 ans, elle sort son premier titre original et enchaîne les succès : son single Tayer cumule à lui seul 5,1 millions de vues sur YouTube. Pourtant, elle se retrouve dans un univers qui ne lui ressemble pas et sent très vite qu’elle s’oublie dans la danse. Sa réaction ne se fait pas attendre : elle met le holà et se retire de la scène. Elle s’empare alors de ce break comme d’une occasion de prendre du recul, corriger son parcours et vivre la vie la plus saine qui soit.
Dans ces moments de réflexion, Asmae se tourne vers ses premiers amours : le sport, l’art, la lecture, le cinéma et la nature. Une distance qui permet à l’artiste de décortiquer son cœur pour coucher ses peines sur le papier, et bâtir une discographie sur les leçons tirées de ses déceptions passées. Ainsi, son nouvel opus, bien que rythmé par des chansons d’amour (et parfois de désamour), permet à la jeune femme de faire son auto-portrait,comme le cliché des émotions qui l’ont parcourue au cours des trois dernières années, bourré d’introspection et de punchlines presque aussi crues qu’elles sont shootées à l’intime. Plus apaisée et grandie, la jeune femme nous confie aujourd’hui toute la
couleur de son personnage, un kaléidoscope évanescent qui n’apas fini d’émouvoir et de surprendre.
L’O. : On sent de la fragilité, mais aussi beaucoup de force dans votre voix. Peut-on dire la même chose de vous ?
A.C. : Absolument ! Je suis une fille sensible, ce n’est un secret pour personne, je pleure par exemple en regardant des films ou quand je pense que mon chien qui a aujourd’hui 10 ans commence à
se faire vieux. Et puis quand il le faut, je sais faire preuve d’une grande force mentale. Ce n’est pas un équilibre facile, mais atteignable quand on prend le temps de bien prendre soin de son
corps et de son esprit.
Vous avez sorti il y a peu un single nommé Lila. Comment est né ce morceau ?
En studio, l’inspiration me vient plus vite et de façon beaucoup plus limpide. Je préfère en général créer un son de A à Z avec le Beatmaker et l’ingénieur son, et écrire sur place.
Le clip est ponctué de scènes de peinture et de nature, l’art et la nature sont-ils thérapeutiques pour vous ?
Je trouve personnellement que l’art et la nature sont nécessaires pour qu’un artiste puisse garder un équilibre émotionnel et une bonne inspiration.
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Dans une interview, vous aviez déclaré “ Plus jeune, je voulais être ministre de la culture”. Selon vous, quelle est l’importance de la culture dans le développement d’une personne ?
Pour moi, la culture est l’essence même de l’identité d’une personne.
Côté mode, votre look a aussi beaucoup évolué, comment le décririez-vous aujourd’hui ?
Le confort a toujours été une priorité pour moi, je n’aime pas mettre quelque chose juste parce que c’est tendance. Il est vrai que mes goûts s’affinent, j’aime toujours la simplicité, mais je privilégie de plus en plus des vêtements qui reflètent ma féminité.
Votre style au quotidien est-il différent que celui de la scène ?
Oui, mon style vestimentaire au quotidien ressemble beaucoup à ce qu’on peut me voir porter en shooting ou en interview.
Quel est votre rapport avec la mode ?
J’accorde un peu plus de temps à ça. J’aime beaucoup regarder les défilés, les nouvelles collections, je suis capable de passer des heures sur Pinterest à m’inspirer et imaginer toutes les combinaisons d’outfits possibles qu’on peut faire avec un marcel blanc..
Votre icône mode ?
Oh, probablement Simon Porte Jacquemus ou Alexandre Mattiussi ou encore Pharell ? C’est une question difficile, et puis il y a aussi SCH qui s’habille tellement.
Avec le recul, que pensez-vous de votre évolution en tant que femme et artiste ?
Je pense surtout que ma vie commence à peine. Je fais de mon mieux, et je rêve de plein de choses. J’espère de tout coeur qu’un jour, j’arriverais à rendre fière la Asmae de 12 ans qui avait six passions à la fois.
Quel est le meilleur conseil bien-être que vous pourriez donner aux lecteurs de L’Officiel ?
Si je devais donner un conseil : allez en randonnée ou à la mer, faites un tour dehors, juste sortez et prenez l’air. Mais surtout soyez indulgent avec vous-mêmes au quotidien.
Quelques indices sur vos projets futurs ?
Je travaille en ce moment sur un projet qui sort bientôt. Je vous donnerais trois indices : Montagnes, n°10, passé/futur. Je n’en dirais pas plus, je vous laisserais découvrir de quoi il s’agit en temps voulu.
Coiffure et maquillage : Lina Bekks Makeup.
Réalisation : Aicha Tazi
Nos remerciements à l’hôtel Radisson Gauthier la Citadelle pour les prises de vue.