Couscous Swell : le documentaire qui nous donne envie de surfer
Des kilomètres de plages sur la côte Atlantique, le Maroc est sans contest l’un des hots spots mondial du surf. Cependant, les champions de la discipline ne se bousculent pas sous le drapeau marocain. De ce constat, Rayane et Hamza ont sillonné les plages, interviewé des tauliers de la planche, des champions et des amateurs, faisant ressortir leur amour commun du surf mais aussi et surtout du Maroc. Nous avons rencontré Rayane Hatimi qui nous raconte le tournage, les intentions du documentaire mais aussi ses préférences artistiques.
« Couscous Swell » : pourquoi ce titre ?
Notre ami Amine, avec qui l’aventure Beach Ratz a commencé, a un don pour trouver les bons titres. Il n’a pas pu être avec nous pendant la production du film (bloqué dans le froid glacial canadien), mais il a tout de même trouvé le titre. Ce titre nous a tout de suite plu, car on trouve que le film ressemble beaucoup au plat couscous: il est fait de plusieurs ingrédients (c’est-à-dire tout ce qu’on a pu voir pendant notre exploration, les formats utilisés, la musique...) mis ensemble sans structure particulière, pour en faire une expérience plaisante.
Y a-t-il un message que vous souhaitez faire passer à travers ce documentaire ?
Il y en a plusieurs. Premièrement, notre but était de rendre hommage à la scène de surf marocaine, la mettre en avant, pour montrer son potentiel et lui donner une exposition nationale comme internationale.
D’autre part, nous voulions aussi parler des freins et obstacles auxquels les surfeurs locaux font face. Ce sujet nous tient à cœur, car ces mêmes obstacles sont partagés par de nombreux talents dans plusieurs disciplines, que ce soit le surf, la musique, la photographie… nous y avons même goûté en essayant de monter le projet. Abdel El Harim (premier surfeur à représenter le Maroc dans les grandes compétitions internationales) résume très bien le message dans le film: “Ils ne m’ont même pas donné l’opportunité de leur présenter mon projet…” Je ne suis pas économiste, mais je suis certain que la culture et les sports jouent un rôle crucial dans le développement d’une société et d’un pays. Donc voilà, le message est que le talent ne manque pas, il y a des personnes extraordinaires dans ce pays, et il serait temps de leur ouvrir la voie.
Le troisième message du film n’était pas prévu mais je trouve que c’est le message le plus important. Il nous vient du vieil homme (The Wise Man) que l’on voit entre les parties du film: nous devons vivre notre vie, car nous sommes que de passage, telle une vague, qui se lève, qui avance, et qui meurt. Tout ça n’est pas bien sérieux!
L’image du film est grainée, comme vintage, d’où vient la volonté de tourner ainsi ?
Nous avons utilisé une caméra Super 8mm et une caméra Super 16mm pour obtenir ce résultat. Il y a quelque chose de magique quand on filme avec de la pellicule, c’est spécial de ne pas savoir à quoi ressemble ce qu’on a filmé jusqu’à avoir le retour du labo. Quant à l’image, je la trouve intemporelle, et tout simplement belle. Les couleurs, le grain, le petit éclat dans les hautes lumières… c’est un look que je trouve très poétique, et qui est difficilement atteignable avec le digital, où l’image est juste lisse et parfaite.
Étant surfeur vous-même, y a t-il des choses que vous avez découvert en tournant ce documentaire ?
Premièrement qu’il y avait des vagues que je ne surferais jamais (haha). Le jour où on a filmé l’énorme houle à Safi avec Ramzi, nous nous sommes rendu compte que le surf qu’on pratiquait, et ce surf-là, c’était deux sports différents. Aussi, tourner dans le Maroc à la recherche de vagues nous a confirmé qu’on avait parmi les meilleurs spots de surf au monde. Chaque endroit au Maroc a sa petite magie, sa petite lumière, son énergie... Nous avons beaucoup de chance d'avoir un terrain de jeu aussi diversifié et souvent vierge à porter de main. On se dit qu'on a plus vraiment besoin d'aller à l'autre bout du monde pour surfer des vagues parfaites, nous avons tout ici à la maison.
Quels sont vos spots préférés au Maroc ?
Le spot de Killer Point, à Taghazout, les spots aux alentours de Sidi Kaoki, mais sinon j’aime bien aller surfer les vagues médiocres et vides de monde de la plage Lalla Meriem à Casablanca.
Comment en tant que surfeur, vous voyez la discipline évoluer ?
Le niveau commence vraiment à être excellent, il y a de plus en plus de bon surfeurs au Maroc. On dirait que le sport est en pleine croissance, nous avons même eu le Pro Taghazout Bay en 2020, qui faisait partie des compétitions du circuit QS (Qualifying Series). Le terrain de jeu et d'entraînement est là, nous n’avons rien à envier aux meilleures destinations de surf au monde, maintenant il reste à voir si la structure et l’encadrement continueront d’évoluer.
Le surf comme le yoga suscitent depuis quelques années un réel engouement. S’agit-il selon vous d’une adhésion à un nouvel art de vivre ou d’un simple effet de mode ?
De l’extérieur, on peut avoir l’impression que l’explosion en popularité du surf est un simple effet de mode. Mais en réalité, c’est un sport et une manière de vivre qui font rêver, ça sort du conventionnel, et ça devient une réelle addiction. Le plaisir que procure le contact avec la nature, être dans l’eau salée, prendre une vague… tout ça n’est pas un effet de mode. Quel que soit le niveau, les gens qui surfent deviennent accros très très vite, et leur vie est souvent chamboulée (dans le bon sens) à cause de ça. C’est cliché peut être de le dire, mais c’est un sport qui rend heureux, c’est une thérapie.