La Badira : lumière d'automne en Tunisie
En Tunisie, le culte de la lumière est millénaire. Illustration à Hammamet où un 5-étoiles rayonnant magnifie la pause plein soleil en bord de Méditerranée. Restauration raffinée et Spa by Clarins en prime.
Une question pour comprendre. Que signifie La Badira ? « Aussi lumineuse que la pleine lune », répond Mouna Ben Abdeladhim, directrice des ventes de ce 5-étoiles, membre des Leading hotels of the World, le seul de Tunisie. Etonnement : le pays est en effet plus connu comme champion des établissements aux normes hôtelières aléatoires et à l’assiette expéditive, afin de recruter en masse des vacanciers à budget serré. Pas de ça à La Badira !
L’étoile de Hammamet
« Le tourisme tunisien a besoin d’un référent luxe. Notre hôtel veut rejoindre les meilleurs avec une capacité inédite d’étonner, de séduire, d’offrir l’excellence de notre pays », ajoute Mouna Allani Ben Halima, propriétaire et directrice des lieux.
Ainsi est née l’étoile de Hammamet, atypique dans la station reine des forfaits tout inclus à moins de 400 euros la semaine. Pour savourer le chic des 135 chambres et suites de La Badira, doubler la mise et plus. Oui, mais… Pas un hôte ne minaude devant la cascade de bonheurs que lui promet la maison parée de blanc intégral, des murs aux carrelages, sous un soleil éclatant.
Ni string de bain, ni burkini
Le miracle des lumières opère. Klee, Gide, Maupassant, Cocteau, Wilde et tant d’autres s’y sont abandonnés. Désormais, ce sont les bienheureux de La Badira qui savourent : vue grand écran sur les bleus de la Méditerranée, vaste piscine, sentes à l’ombre des palmiers… ; et sérénité assurée puisque la maison n’accueille ni les enfants, ni les fêtards pas plus que les fumeurs (bon, d’accord, une petite clope, discrètement sur la terrasse de sa chambres), encore moins les exhibitionnistes façon string de bain ou burkini. C’est dit.
Harmonie de bleu et de blanc pour Claudia…
Cette paisible harmonie qu’adorent amoureux chics autant que couples à l’hédonisme revendiqué, s’appuie sur la simplicité. Les chambres (tout sauf immenses) offrent leur cocon à de douces parenthèses estivales. La sobre décoration tendue de lignes droites et de vastes pans blancs signe l’élégance de la maison. Poteries, tressages et fer forgé (bravo les artisans tunisiens !), bercent le regard, alors que leds, écran plat et WiFi complètent l’insouciance du séjour.
Un cran au-dessus, quelques grandes suites à l’aménagement personnalisé rendent hommage aux illustres visiteurs de Hammamet, Paul Klee (feu d’artifice de couleurs), Claudia Cardinale (superbe harmonie de bleu et de blanc), Cocteau, Wallis Simpson, Georges Sebastian… Leur piscine privée creusée en terrasse atteste du privilège de ceux qui fixent à 2 000 euros leur nuit de rêve.
Côté standing, la maison assure
Pour que son hôtel tienne son rang, Madame Ben Halima s’avoue intraitable en matière de service, donc de personnel : « Notre excellence commence par un accueil irréprochable, à la hauteur de nos traditions, et le comportement exemplaire de notre personnel ». C’est le cas. Charme, distinction, chic des uniformes, disponibilité, inventivité des réponses à toute demande, français impeccable… Côté standing, la maison assure.
Deux rendez-vous gastronomiques
La restauration joue la même carte. Outre un espace intégralement blanc (Zahila pour les petits déjeuners), un bar de piscine épatant pour trinquer en maillot de bain et la terrasse plein ciel qui accompagne les cocktails nez dans les étoiles, La Badira propose deux rendez-vous gastronomiques de fort belle tenue. Kamilah excelle sur le registre de la cuisine internationale, celle qui accommode tous les palais, fans d’Italie comme de wok, viandards ou retour de pêche. Adra enfin, interprète avec brio le meilleur des traditions tunisiennes inventées dans les gamelles familiales de Nabeul, Tozeur, Sfax ou Hammamet.
Lâcher prise, laisser faire
Entre deux appétits, direction le Spa ! Signé Clarins (unique en Tunisie), il développe un monde de bien-être avec magnifique piscine, sauna, salle de fitness, salon de coiffure, bar à ongles… Et, bien entendu, salles de massages où se délivre le soin signature, il est exemplaire : deux heures (130 euros) conjuguant douche au savon noir, enveloppement et traitement tout de délicatesse et d’intensité. Lâcher prise, laisser faire, savourer.
Collection exceptionnelle de mosaïques
Il reste à sortir un peu, histoire de vérifier la magie de cette fameuse lumière qui donne à la Tunisie ses éclats de bonheur.
Pour commencer, direction le centre de Hammamet, bof, bof, du souk aux terrasses, on a connu plus authentique. Alors pousser jusqu’à Tunis (une heure de route). On sent la capitale en retenue, rapport à une actualité politique et sociale pesante. Mais la gloire des siècles se moque bien de ces péripéties. Le Musée du Bardo, gardien du génie romain qui brilla ici au tournant du deuxième millénaire, présente une collection exceptionnelle de mosaïques. Portraits géants, scènes du quotidien, marins en mer, célébration des dieux du panthéon… couvraient sols et murs des palais, thermes et autres magasins.
Parfum d’éternité
Les ruines les plus émouvantes du pays patientent à deux pas, à Carthage. La ville devait être détruite, elle le fut en 146 avant J-C. Voire… Murailles et statues défient encore les siècles dans un brillant chaos de pierres et de colonnes brisées. Il flotte ici comme un parfum d’éternité, un défi aux soucis du jour, une invitation à s’élever d’un cran pour juger de l’histoire avant d’en écrire la prochaine page.
Les douceurs de La Badira en dévoilent la manière : contempler le large qui tend ses eaux cristallines en lames de bleus profonds, saisir les pépites de soleil qui dansent à l’écume des vagues, glisser son imaginaire dans le ballet des oiseaux de mer, se moquer du temps qui file, prendre sa main, la serrer un peu plus fort. La Badira suggère toujours un prochain baiser.