"The Patient" : pourquoi il faut voir cette nouvelle série avec Steve Carell
Cruelle, fine, souvent brillante, "The Patient" est le contrepoison idéal aux sucreries de Noël dont on vient d'user et abuser.
Alan Strauss (Steve Carell) se retrouve confronté au pire, imagine-t-on, de ce qui puisse arriver à un-e thérapeute : un de ses patients, Sam (glaçant Domhall Gleeson) avoue être un tueur en série et le kidnappe, attendant de sa thérapie menée à marche forcée de pouvoir refouler ses pulsions criminelles. Tendu, ce face-à-face animé par deux fantastiques acteurs laisse dans ce huis-clos (partiel, tout de même, quoique nous restons embarqué-e-s dans la foulée du criminel) les deux personnages face à leurs passés tourmentés, étudiant leurs ressorts respectifs avec un certain tact, notamment Strauss, perdu dans un deuil, impuissant à voir son fils s’échapper loin de son amour. S’appuyant sur plusieurs enjeux - la survie des uns et des autres, la puissance de la maïeutique, les inévitables regrets accompagnant les années défilants -, la narration ne perd guère de temps, reprenant, en un malicieux clin d'œil, la durée typique d'une séance d'analyse, soit 30 minutes.
Créé par le tandem responsable de la superlativement splendide The Americans, une des séries les plus sous-estimées de ces dernières années, The Patient plonge dans la psyché du patient, donc, mais aussi, dans un contre-champ subtil, dans celle de son thérapeute (autant dire en étant fidèle à la dynamique d’une thérapie authentique), quitte à glisser, vers la fin du récit, dans des fautes de goût à la limite de la faute morale. On se gardera bien de révéler le dénouement de ce thriller parfois bancal mais peu banal, mais il offre une perspective inattendue, touchante, sur ce qui sous-tend la dramaturgie.
Une mini-série en 10 épisodes. Créée par Joel Fields et Joe Weisberg. Avec Steve Carell, Domhall Gleeson, Linda Emond et Andrew Leeds. Disponible en exclusivité sur Disney+.