Faut-il voir Le Monde Après Nous sur Netflix avec Julia Roberts ?

Est-ce la fin du monde ? Une attaque terroriste ? Sur une trame un peu convenue, ce film divertissant et sarcastique a ses mérites.

Sur des postulats narratifs désormais assez conventionnels hélas - la fin du monde, le complotisme opaque jusqu’à la cocasserie (involontaire?) etc. -, le film de Sam Esmail (créateur de l’excellente série Mr.Robot), possède certains atouts : un humour un peu distant, une mise en scène assez sèche esquivant l’écueil de la théâtralité du genre catastrophiste, et le bon goût d’éviter toute effusion sentimentale. Amanda et Clay (Julia Roberts et Ethan Hawke), classique couple upper-class décident de passer un weekend avec leurs enfants - adolescent-es que l’on perçoit moyennement à l’aise dans cette peau - dans une maison extraordinaire à quelques heures de New-York…Tout annonce un séjour enchanteur, même si la vision d’un cargo s’échouant sur la plage jette un léger froid. Et voici que tapent à la porte de la demeure son propriétaire, G.H (Mahershala Ali), et sa fille, Ruth (Myha’la) sur fond de diverses inquiétudes - le wi-fi qui ne fonctionne pas plus que les téléphones ou la télévision…Si les personnages sont dessinés un peu hâtivement, cette paresse paradoxalement sert bien le récit : ils sont assez incarnés pour ne pas être théoriques, mais assez lisses pour être des pions impuissants devant le sort qui les écrase. Surtout, un incroyable casting porte le film : le magnétique Mahershala Ali, Julia Roberts, que l’on n’a pas vue aussi concernée par un rôle depuis bien longtemps, la jeune Myha’la, une révélation (quoique déjà épatante dans la série Industry). Sans s’aventurer frontalement sur un terrain socio-politique, Le Monde Après Nous raconte aussi une certaine Amérique, encore soigneusement barricadée derrière ses préjugés. Dans son registre - disons celui de la série B de luxe -, le film est réussi, quoique traînant un peu en longueur, comme hésitant sur la marche à suivre, entre satire et thriller. On n’en dira évidemment rien, mais le dernier plan est d’une ironie coupante absolument géniale.