Eté 2024 : les 10 livres à lire à la plage
Pour accompagner nos longues journées et nuits d’été, quoi de mieux qu’une liste de pépites à aller chercher au plus vite chez votre libraire ? Le club de lecture Reading is Sexy nous a préparé une sélection éclectique et rafraîchissante de romans d'auteurs qui se racontent à travers l’amour, la vie et surtout l’amour de la vie.
- Le ciel ouvert – Nicolas Mathieu (édition Actes Sud)
La plume de Nicolas Mathieu s’affute de roman en roman. Ce roman est sa consécration, de loin son plus beau, celui qui provoque un retentissement en nous que rien ne saurait atténuer. Cette œuvre contient à elle seule tout l’amour et toute la subtilité qui en découle. De page en page, illustré par Aline Zalko, l’auteur nous invite dans son histoire d’amour interdite. Une histoire adultère, qui par sa transgression bouscule tous les codes, faisant fi des illusions et s’affranchissant de tout dogme.
On se laisse porter par cette balade enchantée et on se laisse conter l’amour à l’état brut, le seul qui doit être vécu. Si en devenant adulte puis parent, certaines illusions s’écroulent, il n’en reste pas moins ce besoin imminent de se sentir vivant et heureux. L’auteur nous rappelle à chaque page l’importance de vivre la passion même si celle-ci est destructrice, l’urgence de ne pas plier pour rentrer dans un cadre qui finira par engendrer tous les regrets du monde.
- Veiller sur elle – Jean-Baptiste Andrea (édition Iconoclast)
Ce n’est pas toujours le cas, mais en 2023 le prix Goncourt est vertigineux et spectaculaire. Spectaculaire amitié, inconditionnelle et indéfectible. Spectaculaire élégance de l’écriture. Spectaculaire tendresse de l’auteur envers ses personnages. Spectaculaire Italie! Sa terre, son peuple, sa violence, sa beauté, ses arts, ses sculpteurs, ses fresques. Cette œuvre est à la fois le roman historique de l’Italie du 20eme siècle, son fascisme, sa mafia, ses dérives, mais aussi sa démocratie, et surtout la plus belle, la plus vraie, la plus tendre, la plus sagace et la plus sincère histoire d’amitié jamais écrite. L’auteur dépeint avec sincérité, l’alcoolisme, la violence, l’abandon, la solitude, la misère, la gloire puis la rechute, le fascisme, la guerre, les camps, l’antisémitisme sans jamais tomber dans la vulgarité ni l’indécence. Ce livre n’est que grâce, beauté, humilité et intelligence et le lecteur en ressort plus fort, plus érudit, plus sensible aux choses de la vie. Une expérience littéraire hors du commun.
- Les garçons de l’été – Rebecca Lighieri (édition Folio)
On ne sait jamais si on a réussi ou échoué dans l’éducation de ses enfants. Jusqu’au dernier jour l’incertitude subsiste. Quand on élève un monstre, la place qu’a pris l’inné et l’acquis reste une énigme. Surtout quand ce monstre se dissimule derrière un jeune homme beau comme un dieu à qui tout semble réussir. Dans ce roman féroce et brillant de Rebecca Lighieri, on pénètre dans la sphère intime d’une famille bourgeoise aux apparences parfaites dont un terrible accident va faire craqueler tout le vernis. Les vices exultent et le drame s’empare peu à peu d’un quotidien qui jusqu’alors paraissait inébranlable. Avec son style indéfinissable, l’auteure nous embarque sur le chemin du sordide. Elle défait, de page en page, les idées préconçues sur l’éducation et le fameux enfant roi. Cet enfant adulé au-delà du rationnel par les parents depuis sa naissance, qui développe en grandissant le syndrome de toute puissance. Nul doute que l’on referme ce livre avec énormément d’interrogations et de remises en question sur la conception de l’éducation moderne.
- La vie heureuse – David Foenkinos (édition Gallimard)
A travers son nouveau roman, D. Foenkinos nous questionne encore et toujours sur la définition du bonheur. En nous poussant à regarder la mort en face il nous encourage finalement à mieux affronter la vie. Souvent malmené par l’existence, l’homme s’oublie, se renie et passe à côté de l’essentiel. C’est le cas d’Éric, homme brillant, qui au cours d’une mission professionnelle à Séoul se retrouve dans une expérience mortuaire hors du commun : assister à ses propres funérailles. Enfermé dans son cercueil, il voit défiler ses égarements, ses regrets et cette vie qu’il a finalement plus subie que véritablement vécu. Le bilan de ses échecs et de ses manquements le bouleversent et un instinct vital lui somme de tout quitter, de tout arrêter net s’il ne veut pas passer sa vie à mourir. Dans son sillage, Amélie, femme de son époque : carriériste et ambitieuse, qui essaye de mener de front vie professionnelle et vie de famille sans jamais véritablement s’épanouir. Jusqu’au jour où elle aussi se confronte à ses choix et à l’essence même de sa vie… La vie heureuse, si abstraite, au cœur de toutes les préoccupations. Épuisés par les injonctions des réseaux sociaux, les gens s’épuisent à la chercher en vain… jamais assez beau, riche ou brillant ils n’ont de cesse de se comparer, de se déprécier et de finalement passer à côté de l’essentiel. Ce roman pose ces questions sur la table et nous enjoint à ne pas nous résigner. Faire différemment, recommencer et peut-être réaliser que le bonheur tient au fait de continuer à désirer ce que l’on a. Rallumer la flamme de nos vies pour mieux en saisir la substance mais aussi la fragilité.
- Ce que je sais de toi – Eric Chacour (édition Philippe Rey)
S’il existe une recette pour embarquer le lecteur, Eric Chacour en a très certainement, le secret. Ce roman est une merveille de délicatesse et de sensualité. Chaque mot est pesé avec justesse, la finesse de l’écriture parvient à suggérer, avec une grande pudeur, ce qui ne veut être dit. Il se dégage ici une douce mélancolie. L’Égypte y est décrite avec le charme de celui à qui on a raconté ce pays : l’orient du passé, celui des générations qui nous ont précédés, cet orient qui sent les épices et la fleur d’oranger. Chaque mot, chaque page se savoure. Certains passages méritent d’être lus et relus simplement pour conserver la beauté du récit et des sensations qu’il procure. La délicatesse de ce roman est brillante de beauté et de sensualité. Une révélation et surtout une nécessité de s’accrocher à de si beaux textes dans un monde si incertain.
- Le rêve du pécheur – Hemley Boum (édition Gallimard)
Ce roman est une pépite, un de ces récits qui resteront et viendront rejoindre une liste très sélective de romans adorés et savourés. Tout commence à Campo au Cameroun, il y a de l’amour, de la douceur, de la poésie. La vie est belle et délicieuse. Zacharias aime Yalana profondément. Ils vivent une vie simple et heureuse avant qu’une compagnie forestière vienne s’installer dans la région et sournoisement déposséder ses habitants de leur bonheur. S’ensuivent des années de souffrance et d’errance, avant que Zachary, petit fils de Zacharias, ne décide de fuir le Cameroun. Ce roman nous raconte une famille. On y apprend que l’oubli n’existe pas, que le passé nous détermine, que vouloir avancer sans se retourner est un leurre, que penser se construire en enterrant ses démons est une hérésie. On se régale de la puissance de la narration, de la poésie des relations et de l’intensité des non-dits et des silences. Hemley Boum signe un roman puissant et merveilleux. La tension règne en maître. Voici LA pépite incontournable à lire absolument et sans attendre.
- Comment ça ne va pas – Delphine Horvilleur (édition Grasset)
Faut-il donc que Delphine Horvilleur ait réellement intégré celui qu’elle appelle son Dibbuk, Romain Gary, pour avoir réussi cet exercice si dangereux qui consiste à raconter ses émotions d’une extrême noirceur avec humour et intelligence. Le pogrom du 7 octobre ne l’a pas laissé indemne. Ses croyances et surtout son espérance en un monde meilleur se sont effondrées. C’est surtout la résurgence fulgurante de l’antisémitisme en diaspora qui la bouleverse. Delphine Horvilleur, femme rabbin, intellectuelle, moderne, nous fait ici une démonstration magistrale de l’esprit juif, son humour, son érudition, son héritage, son respect, sa ferveur, sa modernité. D. Horvilleur, qui maîtrise si bien les mots, en particulier ceux qui savent accompagner et soulager, se retrouve aphasique et malheureusement sidérée.
- Rendez-vous à la porte dorée – Agathe Ruga (édition Flammarion)
Est-ce qu’il existe quelque part, un écrin, où déposer nos histoires d’amour afin que la réalité ne les abime pas ? Les désillusions de la vie d’adulte sont-elles inéluctables ? Agathe Ruga dépeint de sa belle plume, cette génération désenchantée de femmes amoureuses qui oscillent entre désir de maternité et besoin foudroyant de passion. Celles aussi qui refusent d’échanger des rêves colorés contre un quotidien teinté de gris. Elle écrit, l’amour, les regrets, la sensualité, la vie de famille, la passion, les dictats sociaux, le lien filial et l’espoir. Anne est en quelques sortes l’incarnation littéraire toutes ces femmes qui se perdent un peu parfois dans leur quête d’absolu … Mais avec le bonheur en guise de boussole, on finit toujours par retrouver son chemin.