Pop culture

Beach Boys : la vie de Brian en 52 minutes

Âme créative fracassée des merveillleux Beach Boys, le légendaire Brian Wilson méritait bien ce film à sa hauteur. Un documentaire lui rend aujourd’hui hommage.

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En 2014, Love & Mercy revenait avec un biopic classique mais avec réussite, sur la trajectoire de Brian Wilson, moteur créatif d’un des plus grands groupes de l’histoire de la pop., aussi culte que populaire, les Beach Boys. Pour mieux comprendre les ressorts complexes de son essor, qui doit tout à son principal compositeur, un documentaire s’imposait.

Le journaliste Christophe Conte, déjà auteur d’excellents films consacrés aux Kinks et aux Who, et de formidables livres sur Nino Ferrer, Etienne Daho et, plus récemment, Alain Bashung, porte son regard fin, sensible, sur son sujet. Il retrace avec soin l’évolution d’un groupe dont les débuts ne laissaient en rien présager qu’il deviendrait majeur : par quel(s) miracle(s), ces sympathiques hymnes au surf, aux voitures décapotables et aux California girls, feront-ils bientôt place aux splendeurs inaltérables, presque irrationnelles de beauté, telles que God Only. Knows, Caroline, No, l’invraisemblable Good Vibrations, les déchirants Surf’s Up ou ‘Til I Die ?

Conte enquête, réalisé pour Arte, dans le cadre de leur excellente série estivale Summer of Brothers and Sisters, sur le cerveau génial, tourmenté au moins autant par une enfance contrastée que par l’abus de substances psychotropes, notamment le LSD, qui a, et c’est un euphémisme, durablement modifié un équilibre mental déjà précaire.

Grands témoins - son ex-femme, des admirateurs, des journalistes (dont l’excellent Michka Assays, fin connaisseur de l’œuvre des Beach Boys), des musiciens ayant participé aux enregistrements du groupe, dont Al Jardine, un des membres fondateurs, reviennent sur la vie de Brian. Lui-même intervient, et même s’il est bien douloureux de le voir ainsi vaguement absent, égaré on ne sait où (mais certainement pas un lieu où l’on aimerait habiter), sa parole reste précieuse.

Marqué par l’éclosion des Beatles, autre groupe fondamental (pléonasme) de l’époque, dont les disques inspiraient à Wilson autant de jalousie panique qu’un esprit de compétition pathologique, marginalisé au sein des Beach Boys, qui ne goûtaient que modérément son aspiration à dessiner de nouvelles formes pour réinventer le schéma pop, il entraîne son groupe vers des “symphonies de poche”, d’une complexité mélodique et harmonique inouïe, aux paroles flirtant avec l’abstracion dadaïste, ou embrassant franchement des tonalités mélancoliques, voire neurasthéniques, illustrant ses idées noires d’un tourbillonnant Technicolor.

Exploration émouvante d’une œuvre aux allures de splendide cathédrale - cryptes hantées comprises,-, pour les fans, ou porte ouverte avec générosité pour découvrir des chansons fabuleuses (littéralement), ce documentaire passionnant, bouleversant, est un cadeau.

“Brian Wilson. Le génie empêché des Beach Boys”. Documentaire de Christophe Conte (France, 2023, 52 minutes). À voir sur arte.tv jusqu’au 19 août 2023.

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