Saint-Laurent, à ciel ouvert
Si en matière de défilés l’industrie de la mode masculine a encore beaucoup à apprendre des performances et des coups d’éclats de sa consoeur féminine, notamment pour son idyllique surenchère dans la présentations de ses collections croisière, certaines marques homme commencent à lui emboiter le pas et à sérieusement pouvoir prétendre rivaliser en la matière. Inaugurée par Anthony Vaccarello il y a tout juste un an (il avait créé la surprise en exportant son premier défilé homme à New-York), la nouvelle tendance semble être à la délocalisation... et à la distinction. Fini l’Europe, cap à l’ouest ou à l’est, terres il est vrai de bien des enjeux commerciaux. Symbole s’il en faut, deux pièces maîtresses des fashion-weeks parisiennes et milanaises ont choisi de défiler un même jour, le 6 juin 2019, à 10.000 kilomètres près et 15h de décalage horaire ! C’est Prada qui a ouvert le bal en premier à Shanghai dans une explosion de couleurs à l’avant-garde optimiste, alors que la maison Saint Laurent vient de le clôturer dans une monochromie irrésistiblement romantique, un rien nostalgique même.
Le simple fait qu’Anthony Vaccarello, son directeur de création, ait choisi la petite plage de Paradise Cove à Malibu pour y poser un podium de lattes de bois noires à même le sable, léché par les vagues du Pacifique, annonçait tout de suite la couleur, aux antipodes de son homologue italien, mais au diapason de l’esprit de la maison.
Une collection directement inspirée de l’électrique sensualité d’un Mick Jaggerjeune, époque mid-seventies. Atmosphère plutôt sombre, cabine éthérée et filiforme, silhouettes évanescentes teintées de détails rock… Certaines pièces vintage du dressing personnel de la rock-star anglaise auraient même parait-il été sources d’inspiration pour le créateur français. Dans un tel souci d’authenticité, on comprend mieux l’invitation au voyage.