L’homme Givenchy passe à la vitesse supérieure
Depuis son arrivée en mars 2017 aux commandes artistiques de la marque Givenchy, on peut dire que la styliste anglaise Clare Waight Keller a pris son temps pour imposer avec prudence et raison ses collections masculines. Il est vrai que prendre la relève d’un créateur comme Riccardo Tisci n’était pas chose facile, après douze ans de marquage au fer rouge. Et c’est seulement cette saison, automne-hiver 2019-20, qu’une première collection masculine à part entière fut présentée en show-room lors de la dernière fashion-week parisienne, alors que la créatrice n’avait distillé jusqu’alors au compte-goutte que quelques silhouettes homme dans ses défilés femme. Cet art du crescendo est aujourd’hui couronné d’un premier défilé d’envergure en ouverture du salon Pitti Immagine Uomo de Florence, dont Givenchy est cette saison l’invité d’honneur.
Et c’est dans le cadre majestueux des jardins labyrinthes de la Villa Palmieri, chef d’oeuvre patricien du 14ème siècle surplombant la capitale des arts, qu’a déboulé un bataillon de jeunes gens à l’allure volontaire et décidée, presque militaire, au milieu des invités attablés au mobilier de jardin local sur une terrasse follement romantique. Un clash des cultures plus que volontaire, lorsque l’on sait que le défilé est baptisé Nouveau Glitch, comprenez « bug », et que Clare Waight Keller explique vouloir réveiller, détourner, décaler les classiques en faisant se rencontrer ancien et nouveau monde. On retiendra pour preuve le travail des volumes particulièrement réussi, soutenu par deux palettes de couleurs radicales, pastels poudrés rappelant ceux de fresques, et teintes d’encre et de nuit, beaucoup plus dramatiques. Ici, on parle « d’équilibre entre performance et élégance », l’image est juste et le résultat aussi. Tout vient à point à qui sait attendre.