Les 10 polars à lire cette rentrée
LA PROIE par DEON MEYER
Deon Meyer est de retour, et avec lui Benny Griessel. Une histoire double, comme l’écrivain sud-africain en a la manière. Le Cap, bien entendu, où Benny Griessel et Vaugh Cupido enquêtent sur le meurtre d’un ancien collègue défenestré du plus luxueux train du monde, le Rovos Rail. Une histoire à n’y rien comprendre, d’autant plus que dans les hautes sphères, on tente de leur faire lâcher l’affaire.
Et puis, à des milliers de kilomètres de là, à Bordeaux plus exactement, un ancien de la branche militaire de l’ANC, Daniel Darret, tentant d’oublier son passé, est obligé de s’y confronter à nouveau, entre Amsterdam et Paris, pourchassé tant par les services secrets sud-africains que par leurs confrères russes.
Le thriller est efficace, captivant. Deon Meyer n’a pas perdu de son talent, tout au contraire.
Deon Meyer, La proie, Série Noire, Éditions Gallimard
DANS LES BRUMES DU MATIN par TOM BOUMAN
Après « Dans La Vallée Décharnée », Tom Bouban revient avec « Dans les brumes du matin ». Henry Farrell reprend la route à la recherche d’un toxico disparu. A quelques jours de là un corps non identifié est découvert dans le fleuve Susquehanna, au nord de la frontière pennsylvanienne. Deux enquêtes qui s’entrecroisent, des collines de Holebrook aux méandres de la jungle urbaine où le trafic de drogue règne en maître.
Le lecteur appréciera la musique, omniprésente, des personnages hors norme qui impriment la rétine. Un polar malin, efficace, surprenant.
Dans les brumes du matin, Tom Bouman, Actes Noirs, Éditions Actes Sud
LA BELLE MERE par SALLY HEPWORTH
Il est des relations familiales dont on se passerait bien. Et pourtant, Lucy ne demande à sa belle-mère que de l’amour filial. Seulement voilà, la belle-mère en question, Diana, avocate renommée, met toute son énergie à améliorer le sort des réfugiés, et n’a que peu d’affection à reverser aux siens.
Les années passent, Diana meurt, suicidée suite semble-t-il à un cancer gardé sous silence. Mais l’autopsie ne trouve aucune trace de la maladie, et puis, il y a ce testament modifié peu de temps avant le drame… Un suspense psychologique de belle volée. Une famille au bout du compte, que l’on aimerait ne pas avoir, héritage ou pas. Des méandres de la psychologie humaine…
La Belle Mère, Sally Hepworth, Éditions de l’Archipel
QUAND UN FILS NOUS EST DONNÉ par DONNA LEON
Brunetti è tornato. Le commissaire héros des polars de Donna Leon est de retour, pour une mission qui ne l’enchante qu’à peine. Son beau-père lui demande d’enquêter sur un jeune homme, amant de Gonzalo Rodriguez de Tejada, que ce dernier s’apprête à adopter, lui permettant ainsi de mettre la main sur son immense fortune. Le commissaire n’y voit guère d’intérêt, jusqu’à que Gonzalo ne meure soudainement. Venu à ses funérailles, un autre proche est retrouvé étranglé dans sa chambre d’hôtel. Secrets de familles tortueux, l’éternelle Venise en décor, Donna Leon invoque à nouveau brillamment les travers de l’âme humaine.
Quand un fils nous est donné, Donna Leon, Éditions Calman Levy Noir
DE SOLEIL ET DE SANG par JÉRÔME LOUBRY
Haïti, Port-au-Prince. Deux couples meurent assassinés en moins d’une semaine dans des scènes atroces. Simon Bélage est en charge de l’enquête. On parle de vaudou. L’inspecteur pour autant s’oriente plus vers des crimes crapuleux, dans cette île où le trafic d’enfants et la corruption endémique laissent plus de cadavres sur le bitume que les ravages supposés de Baron Samedi, le dieu des morts. Ces meurtres pense-t-il sont plus à attribuer à des êtres de chair et de sang. Ses recherches l’orientent vers un orphelinat dont les portes sont closes depuis deux décennies. Pour autant, ici, en Haïti, ignorer les signes des esprits peut se révéler mortel.
Un polar inspiré de faits réels en une ville encore pleine de mystères, violente, fascinante, éminemment dangereuse.
De Soleil et de sang, Jérôme Loubry, Éditions Calman Levy Noir
ALABAMA 1963 par LUDOVIC MANCHETTE ET CHRISTIAN NIEMEC
Kennedy assassiné, l’ombre du Ku Klux Clan qui rode dans le sud des Etats-unis des années 60. Le décor est posé et à Birmingham, Alabama, de petites filles noires disparaissent les unes après les autres sans que la police locale ne s’en préoccupe plus que cela. C’est un détective privé, raciste autant qu’alcoolique qui prend l’affaire en main, croise une femme de ménage noire Adela Cobb qui semble en tous points son opposée. Cela ressemble à un polar américain et on le comprend bien, les deux auteurs Ludovic Manchette et Christian Niemec sont traducteurs de séries et de films issus pour la plupart de la production américaine. Un premier roman qui vaut clairement le détour.
Alabama 1963, Ludovic Manchette et Christian Niemec, Éditions Cherche Midi, Collections « Romans »
ENTRE FAUVES par COLIN NIEL
Il y a de la chasse aux fauves, de la chasse à l’homme aussi, dans ce roman noir. A la manœuvre, Colin Niel, maintes fois récompensé, n’a pas perdu de sa verve. Son héros, Martin, garde dans les Pyrénées, cherche en vain la trace de l’un des derniers ours disparus il y a plus d’un an et demi. Tué par quelque chasseur ? La question se pose, puis une image s’interpose, celle d’une jeune femme photographiée devant la dépouille d’un lion, ailleurs, là-bas, en Namibie. Alors l’idée vient le hanter, de la retrouver, de la pourchasser, de la livrer à la vindicte publique, populaire. De la vallée d’Aspe au désert du Kaokoland, le récit nous entraîne en une intrigue cruelle, pleine de chausses trappes. Par un maître du genre.
Entre Fauves, Colin Niel, Éditions Rouergue Noir
LES DISPARUES DU TABLEAU par DARIA DESOMBRE
Mais que rapport y a-t-il donc entre ces assassinats à Moscou et un tableau d’Ingres ? Des jeunes femmes disparaissent dans la capitale russe. Des femmes comme tout le monde, ni belles, ni riches. Sur chacune d’elle, est posée une esquisse ancienne du peintre des nus déformés. Une étudiante en droit et son mentor cherchent des réponses. Comment d’authentiques ébauches du tableau « Le Bain Turc » se retrouvent-elles donc dans une banlieue misérable de Moscou ? Montauban, Moscou, Paris, l’enquête devient internationale et le tueur en série introuvable.
Dans ce deuxième tome d’une série policière vendue à plus d’un million d’exemplaires, Daria Desombre, originaire de Saint-Pétersbourg, mène la danse en un bal envoutant.
Les Disparues du Tableau. Daria Desombre. Éditions du Masque.
LE SOUFFLE DE LA NUIT par ALEXANDRE GALIEN
De Barbès à Lagos, entre magie noire et prostitution, Philippe Lamy, muté au Nigéria, reforme le groupe Valmy pour trouver la trace d’un potentiel tueur en série, d’une série de flics ! Des ors des ambassades aux trottoirs les plus pourris, Alexandre Galien, plus jeune lauréat du Prix du Quai des Orfèvres, ex gardien de la paix étant passé par des études de droit et de sciences criminelles, connaît son affaire. Et il balade le lecteur dans des méandres qui mènent bien au-delà d’une enquête criminelle.
La Marque de la nuit, Alexandre Gamien, Éditions Albin Michel
LA VALSE DES TULIPES par IBON MARTIN
« Il aime ce monde, un territoire qui suit encore le rythme de la nature. En plein XXIe siècle, ce sont encore les marées qui commandent en Urdaibai. Qui tracent les contours d’une carte où la mer et la terre s’enlacent harmonieusement ».
Seulement voilà, en ce coin de paradis, l’enfer a ses entrées. Un enfer qui se décline sous la forme d’assassinats de femmes, de ces ménagères de plus de 50 ans. L’affaire est mise entre les mains d’une jeune femme, fan de rock, de surf, de celtisme.
Chaque assassinat est signé d’une tulipe rouge et l’enquête progressant, révèle que chacune d’entre elles, à la fin de l’adolescence, a disparu, un an durant, pour une destination commune, Lourdes.
On se prend au jeu, ne peut plus lâcher le roman d’Ibon Martin, jeune écrivain de San Sebastiàn. La mer, la pluie, les villages rudes, sont autant de personnages que les hommes et femmes qu’y vivent ici, dans l’ombre d’un passé franquiste omniprésent.
La Valse des tulipes, Ibon Martin, Actes noirs, Éditions Acte Sud
REQUIEM POUR UN DIAMANT par CECILE CABANAC
Les diamants sont éternels, et la convoitise qui les accompagne tout autant. Victor Barbier, bijoutier en vue de la rue du Faubourg Saint-Honoré, en fait les frais, retrouvé assassiné en une mer de sang. Le commandant Virginie Piolet, assistée d’un ami, collègue de toujours, mène une enquête qui de la place Vendôme les mènera à Anvers, capitale des diamantaires.
Traffic international dans un bouquin à mi-chemin du polar d’ambiance et du roman policier procédural. Le tout écrit par Cécile Cabanac, journaliste passée entre-autre par la réalisation de documentaires et de nombreux épisodes de « Faites entrer l’accusé ».
Requiem pour un diamant, Cécile Cabanac, Fleuve Éditions
AVIS DE GRAND FROID par JEROME CHARYN
Isaac Sidel n’est pas un perdreau de l’année. L’inspecteur de la criminelle devenu commissaire puis maire de New-York monte en grade. Le parti démocrate l’adule et il se laisse convaincre d’être vice-président des Etats-Unis auprès d’un potentat du base-ball. Seulement voilà, le potentat en question voit ses ambitions politiques s’arrêter net suite à des magouilles dans lesquelles il est impliqué. Et voici qu’Isaac devient président. L’ex-commissaire n’a pas, c’est le moins que l’on puisse dire, été formé à la fonction et le protocole n’est pas sa tasse de thé, les arrangements politiques non plus. Il devient une proie idéale, tout particulièrement lorsque des banquiers suisses lancent un pari sur la date de son décès. Le flic qu’il est reprend ses vielles habitudes pour se jouer des manigances et complots.
Une 12ème aventure d’Isaac Sidel menée tambour battant par Jerome Charyn, qui entre deux bouquins écrit des chroniques pour Charlie Hebdo.
Avis de grand froid, Jerome Charyn, Editions Rivages , Rivages /Noir