Amina Agueznay: La matière et le geste
Avec un attachement tout particulier pour les matières et les techniques traditionnelles de son pays, Amina Agueznay a choisi, depuis ses débuts, de collaborer avec des maalemines et maalemates (maîtres artisans). En confrontant leur savoir-faire à sa propre vision créative, elle nous invite à découvrir de nouvelles formes de réflexion autour de créations parfois impressionnantes qui doivent beaucoup à sa formation d’architecte. Cependant, à travers sa démarche, la plasticienne ne donne pas seulement à voir de l’art. Elle présente aussi des gestes : un art en gestes, où le processus d’élaboration de l’oeuvre est tout aussi important que sa matérialité même.
Faites de liaisons et ramifications, ses oeuvres traduisent en effet le potentiel des connexions d’hommes et de femmes réunis par l’amour du bel ouvrage pour servir un projet commun. Valeurs de la communauté, du maillage social, plus que tout, c’est un discours sur l’Homme qu’elle propose, sur ces liens invisibles qui tracent la matrice des relations, par l’échange, l’apprentissage, la transmission.
Au coeur de cette complémentarité fusionnelle avec les artisans se retrouvent aussi les fondamentaux de l’École de Casablanca : collectivisme, connaissances et réinterprétations du patrimoine artistique marocain, démocratisation… et émancipation.