Déco-Design

Tom Dixon: "L'habitat et l'architecture se doivent d'avoir une continuité, une permanence

A l'occasion de son exposition Milanaise Twenty et des vingt ans d'existence de sa marque éponyme emblématique, le designer Britannique se confie à l'Officiel.

Les journalistes mentionnent souvent votre background musical et votre groupe Funkapolitan. Comment s'est opérée la transition entre la musique et le design au cours de votre carrière? 

C'était le printemps, et notre groupe s'apprêtait à partir en tournée. Je suis parti en ballade en moto, j'ai été distrait par une femme, j'ai eu un accident et cela s'est terminé par un bras cassé. Un de mes amis, meilleur bassiste que moi, m'a ainsi remplacé. Quand je me suis rétabli, les autres membres du groupe ne voulaient plus de moi! J'ai aussi fait mes premiers pas dans l'univers de la nuit à cette époque, et j'avais pas mal de temps libre en journée. J'ai appris à réparer ma moto, et j'ai été instantanément séduit par l'idée de manipuler des structures métalliques. Mes amis de la mode, du cinéma ou évoluant dans la beauté avaient des besoins constants de meubles ou d'arrangements, et c'est ainsi que j'ai apprivoisé le design.

La pandémie a eu un impact considérable sur le marché du design, en forçant les consommateurs à se reconcentrer sur leurs propres intérieurs. Comment avez-vous vécu cette période et que vous a t-elle apporté en termes de créativité?

En ce qui nous concerne, l'impact s'est surtout concentré sur nos usines, qui ont toutes été fermées à différents moments et tout autour du monde. Nous continuons à subir les conséquences de la pandémie quant à notre approvisionnement, et nous ne pouvons donc pas encore en parler au passé. Les grands événements internationaux consacrés au design ont également été annulés, ce qui implique que nous n'avons pas pu montrer de nouvelles idées.

Mais en ce qui concerne la créativité, je trouve personnellement la réponse évidente. L'espace et le silence qui se sont installés lorsque le monde s'est arrêté ont été très stimulants pour chacun d'entre nous, cela a permis de questionner ce que nous faisions, et comment nous le faisions. Certaines personnes ont décidé de changer de vie, et j'ai trouvé à nouveau le temps de créer des choses avec mes propres mains, ce que j'ai trouvé très thérapeutique. Mais il ne faut pas oublier que pour un grand nombre de personnes, la pandémie a été désastreuse et cruelle, avec de graves conséquences; je m'estime donc très chanceux.

 Comment appréhendez-vous le fait d'être copié, et comment combattre ce phénomène à l'heure du marché de masse et de la mondialisation?

Disons que c'est un vrai challenge. C'est extrêmement difficile à affronter, étant donné la complexité des différentes lois en vigueur en fonction des territoires. L'industrie du film ou de la musique sont beaucoup mieux protégées que la notre. Même si nous sommes parfois en mesure de stopper les copieurs, il est à mon sens important de ne pas y consacrer trop de temps et d'énergie. Il est plus important d'innover, et de réussir à faire comprendre pourquoi l'original est toujours meilleur qu'une copie. 

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Comment stimulez-vous votre inspiration dans une ère saturée d'informations et en quête constante de nouveauté? Est-ce que la musique continue de jouer un rôle majeur dans votre process créatif?

Je crois que le fait d'avoir connu le monde avant Internet a été une chance! Mais je pense aussi que le digital nous a ouvert à un nombre infini de possibilités qui ne nous étaient autrefois pas accessibles. L'autre problème, c'est que les intérieurs ne devraient pas changer en fonction d'Internet. L'habitat et l'architecture se doivent d'avoir une certaine continuité, une permanence. Dès lors, peut-être que le fait de rester fidèle à certains intemporels lorsque le monde entier est en mutation pourrait constituer un modèle intéréssant? 

  Pensez-vous qu'Instagram a eu un effet positif sur la jeune génération, notamment en la sensibilisant au design et aux travaux d'architectes et designers cultes?

Oui potentiellement, bien que j'ai le sentiment que de plus en plus de designers talentueux s'expriment désormais à travers une créativité purement virtuelle.

 A l'heure de la toute-puissance des réseaux sociaux, comment lutter contre la standardisation monotone du design et la tentation d'intérieurs dits "instagrammables" ?

Je ne vois pas cela comme un combat, plutôt comme une façon d'appréhender un flux alternatif d'activité, qu'on aime ou qu'on déteste en fonction de sa propre sensibilité.

https://www.tomdixon.net/

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