Qui se cache derrière Juliette has a Gun ?
Quel est votre parcours, et dans quelles circonstances avez-vous décidé de fonder Juliette has a gun?
J'ai grandi dans un entourage plutôt créatif. Mon arrière-grand-mère était créatrice de la haute couture et du prêt-à-porter Nina Ricci, et mon grand père a été directeur Artistique des parfums de la marque. C’est lui qui m’a donné le goût de la création olfactive, dès mon plus jeune âge.Il m’a appris les règles de base de la parfumerie, mais aussi comment les transgresser! Je me souviens encore des moments que l’on passait ensemble à sentir ses nouvelles créations, et des journées où j'aimais à jouer dans les entrepôts.
Mais c’est vraiment à l’âge de 18 ans que je suis rentré dans les détails du métier. J’ai commencé chez Fragrance ressources à New York en tant que peseur, puis j’ai rejoint une agence de communication pendant un an, pour enfin travailler en tant que développeur produit dans une société de private label. Je savais que je voulais créer mon propre univers, mais il était selon moi indispensable de faire mes armes avant de ma lancer. Après 6 ans d’apprentissage du métier, Juliette est née.
Dans quelle mesure votre arrière grand-mère Nina Ricci, actrice incontournable de la mode et de la beauté, a t-elle influencé votre démarche?
En réalité, je ne l’ai jamais connue, car elle est partie avant ma naissance. C’est vraiment à travers son fils, mon grand-père, que son influence a pu jouer un rôle. Mais dans le fond, nous avons une vision de la féminité assez différente. Elle, célébrant une féminité plutôt innocente, à la Courrèges ou à la Cacharel, et moi, plus inspiré par les femmes au caractère plus corsé.
Quelle est l'histoire derrière le nom de la marque?
L’idée est à la fois simple et complexe. Simple, parce que c’est une métaphore qui ne doit pas être expliquée car je tiens beaucoup au fait que chacun se fasse un peu son film…Et complexe parce qu’elle est à la limite de l’oxymore, avec l’association de deux notions à priori opposées : une Juliette de Shakespeare presque naïve, et un gun, accessoire masculin par essence, incarné ici par son parfum.
Comment définiriez vous les femmes qui portent des fragrances Juliette has a gun?
J’en suis à ma treizième création pour autant d’états d'esprit différents, dans lesquels chaque jeune femme peut se reconnaître. Il n’y a donc pas de définition précise puisque mes créations se déploient comme autant de facettes de leurs personnalités : tantôt mutine, vengeresse, brûlante, androgyne, cavalière ou immatérielle, par exemple.
C’est d’ailleurs un de ses traits caractéristiques : elle est insaisissable !
Vos trois créations fétiches, et pourquoi?
Je dirais d'abord Not a perfume : une formule vraiment originale. Un mono ingrédient 100% synthétique, sans allergènes, une note de fond linéaire sans notes de tête ni note de cœur, qui ne sent quasiment rien sur touche et ne se dévoile qu’au porté. Toute une histoire!
Ensuite, White Spirit, parce que j’aime beaucoup cette note ambrée sèche associée à la Tubéreuse, dans laquelle on plongerait volontiers. Puis Lady Vengeance, parce que c’est une de mes premières créationsqui demeure un best-seller encore aujourd’hui, la chance du débutant sûrement ! Ou le talent de Francis Kurkdjian, avec qui j’ai co-créé le premier Dyptique.
Enfin, Gentlewoman; il s’agit de ma première cologne, j’aime beaucoup le fait de proposer un parfum d’homme dédié aux femmes et pas seulement, puisque je le porte moi-même.
Parlez nous de votre dernier opus olfactif Métal Chypré. Quelles ont été les inspirations qui ont nourri votre processus créatif pour l'élaboration de ce parfum?
En bon alchimiste, j’ai tenté de reproduire l’odeur du cuivre ; fusante, froide, métallique, résolument moderne.
Il en résulte une composition ambrée sèche, cuirée. Un peu comme si le cuivre entrait en fusion avec le thème chypré olfactif pour donner naissance à un alliage nouveau. Une réinterprétation du chypre traditionnel, où la mousse de chêne et le patchouli sont remplacés par une Note ambrée. Un parfum éduqué, pour amateurs avertis.
Vous participerez en Juin prochain aux 24 heures du Mans. D'où vous vient cette passion des sports automobiles?
Mon amour des sports automobiles est né d’une première vie, lorsque j’étais dans l’équipe de France à l’adolescence. Depuis, c’est devenu une seconde passion puisque Juliette occupe déjà 150% de mon temps. Mais je participerais cette année, en juin, aux mythiques 24h du Mans en équipe avec mon ami d’enfance Erwin Creed, parfumeur lui aussi. Cette fois nous ne serons plus concurrents mais partenaires. Un rêve de gosses !
Vous êtes également le cofondateur de Nose, l'un des seuls lieux Parisiens consacrés aux parfums de niche. Qu'est ce qui vous a séduit dans ce projet?
Je m’intéresse à beaucoup de projets, en particulier lorsque qu’ils touchent aux parfums !
L’idée de départ était des créer un diagnostic olfactif qui soit le plus fiable possible. Or, à l’heure actuelle, hormis celui que nous avons développé avec Nose, les diagnostics se résument la plupart du temps à vous demander la couleur de vos yeux ou l’endroit où vous partez en vacances…Les résultats sont souvent aléatoires, ou sponsorisés.
Ici, nous vous demandons les créations que vous avez porté, nous les analysons, en déduisons la famille olfactive à laquelle vous appartenez, et nous vous proposons des créations dans le même univers.
Un travail de titan, car cela implique de sentir, catégoriser, classer tous les parfums existants sur le marché. Et quand on sait qu’il y a plus de 1000 nouveautés par an, vous pouvez imaginer ce que cela représente !
Disponible chez La Maison Parfums, 7 rue Essanaani, Casablanca.
Tél.: 05 22 27 32 06