À travers l’exposition Le jardin en soi, consacré à l’art textile au Maroc et en Afrique, la galerie d’art casablancaise nous invite à découvrir la part secrète de trois artistes contemporaines.

La Loft Art Gallery inaugure cette nouvelle saison avec une exposition consacr&eacute;e au textile contemporain dans ses espaces de Casablanca en pr&eacute;sentant les &oelig;uvres des artistes Amina Agueznay, Joana Choumali et Ghizlane Sahli. Une premi&egrave;re dans la valorisation de la cr&eacute;ation textile contemporaine au Maroc et en Afrique puisqu&rsquo;elle est d&eacute;di&eacute;e de mani&egrave;re in&eacute;dite et exclusive &agrave; ce m&eacute;dium d&eacute;ploy&eacute; sous une pluralit&eacute; de formes et offrant de surcroit les possibilit&eacute;s de la monumentalit&eacute;. Sous le titre Le jardin en soi, cette exposition explore la part secr&egrave;te de tout un chacun en m&ecirc;me temps que notre rapport physique in&eacute;vitable et quotidien au textile, comme la &ldquo;couche qui nous s&eacute;pare du monde ext&eacute;rieur&rdquo;.

Crochet&eacute;e, tiss&eacute;e ou brod&eacute;e, de soie ou de laine, la mat&eacute;rialit&eacute; des &oelig;uvres de l&rsquo;exposition invite &agrave; explorer notre rapport &agrave; l&rsquo;intime et notre rapport au temps, dans un lien omnipr&eacute;sent avec la nature. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse du jardin int&eacute;rieur, du jardin d&rsquo;Eden, du jardin de pierreries de l&rsquo;Epop&eacute;e de Gilgamesh, il appara&icirc;t ici, selon la th&eacute;orie de Michel Foucault comme une h&eacute;t&eacute;rotopie, un espace d&rsquo;intimit&eacute;, un espace &agrave; part qui configure ou reconfigure le monde &agrave; sa mani&egrave;re.

Joana Choumali, “The Healers”, série Alba’hian, 2020, broderie sur photo digitale imprimée sur toile, 80 x 80 cm.

C&rsquo;est sans doute le rapport &agrave; l&rsquo;intime qui a men&eacute; Joana Choumali &agrave; explorer la fibre. Connue d&rsquo;abord pour ses s&eacute;ries photographiques, son recours au textile est n&eacute; d&rsquo;un besoin de passer davantage de temps avec ses &oelig;uvres. En cultivant la pratique de la broderie, qui lui a &eacute;t&eacute; transmise par sa grand-m&egrave;re, Joana Choumali acc&egrave;de &agrave; un &eacute;tat introspectif qu&rsquo;elle fait le choix d&rsquo;ext&eacute;rioriser dans des compositions multi-strates. &Agrave; travers le troisi&egrave;me opus de sa s&eacute;rie Albah&rsquo;ian, ce sont les recoins de son subconscient qu&rsquo;elle livre au public

Amina Agueznay, A Garden Inside (détail), 2020, laine et métal, dimensions variables.

Le rapport &agrave; l&rsquo;espace est quant &agrave; lui omnipr&eacute;sent dans la pratique d&rsquo;Amina Agueznay. Depuis plus de quinze ans, l&rsquo;artiste questionne l&rsquo;imperm&eacute;abilit&eacute; des disciplines r&eacute;gnant entre design/artisanat, architecture et arts plastiques. Au gr&eacute; de ses exp&eacute;riences de cr&eacute;ation, monumentales ou plus mesur&eacute;es (bijoux), elle parcourt et accompagne la professionnalisation de la diversit&eacute; des savoir-faire s&eacute;culaires qui font la richesse culturelle du Maroc. Elle nous propose ici un parcours m&eacute;taphorique de son jardin int&eacute;rieur avec l&rsquo;installation A Garden Inside.

Ghizlane Sahli, M.O.M. 014 (détail), 2020, fils de soie sur plastique, 117 x 200 x 38 cm.

Ghizlane Sahli de son c&ocirc;t&eacute; emprunte aux techniques de broderie et tissage traditionnel, le lexique et la mati&egrave;re de ses &oelig;uvres (sabra, a&acirc;kad etc.), op&egrave;re diff&eacute;remment dans le changement d&rsquo;&eacute;chelle. Telle une observation au microscope, l&rsquo;artiste donne &agrave; voir, dans une interpr&eacute;tation textile, les unit&eacute;s modulaires qu&rsquo;elle assimile aux cellules des organismes vivants. Avec son propre vocabulaire plastique, l&rsquo;artiste recourt &agrave; ces unit&eacute;s pour proposer des compositions sculpturales questionnant notre rapport &agrave; l&rsquo;infiniment grand et l&rsquo;infiniment petit dans un aller-retour constant. La m&eacute;tamorphose de la mati&egrave;re est son moteur et la m&eacute;taphore son langage. &Agrave; travers des repr&eacute;sentations du corps et de la nature, les formes cr&eacute;&eacute;es par Ghizlane Sahli suscitent l&rsquo;&eacute;motion par la force esth&eacute;tique qui s&rsquo;en d&eacute;gage.

Joana Choumali

Amina Agueznay

Ghizlane Sahli

Ainsi, le jardin se fait m&eacute;taphore. Fait de formes douces et ou de courbes aux couleurs chamarr&eacute;es, il vient se lover avec po&eacute;sie &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du white cube de la galerie. Il incarne un espace bienveillant invitant &agrave; une (re)connection avec la joie et la puissance. Le jardin en soi devient le lieu d&rsquo;imaginaires vari&eacute;s qui alimentent une d&eacute;finition plurielle et complexe d&rsquo;un mouvement nourri des urgences du monde contemporain.

Le jardin en soi - Loft Art Gallery 2020

Alors que les contraintes sanitaires restent fortes et nous obligent &agrave; rester &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de nos fronti&egrave;res, la galerie souhaite offrir au monde la possibilit&eacute; de visiter virtuellement l&rsquo;exposition &agrave; travers une version digitale relay&eacute;e simultan&eacute;ment sur les sites de la foire 1-54 et de leur partenaire Christie&rsquo;s.

&nbsp;

Le jardin en soi, Loft Art Gallery, 13, rue El Ka&iuml;ssi, Triangle d&rsquo;or, Bourgogne, Casablanca. 

T&eacute;l. : 05 22 94 47 65. <a href="http://www.loftartgallery.net">www.loftartgallery.net</a>

Du 7 octobre au 14 novembre.

Loft Art Gallery : femmes en leur jardin

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